Rarement les habitués de la Coop de Dorlisheim se seront autant pressés devant la vitrine de leur magasin. De quoi réchauffer le cœur de sa gérante Geneviève Weller, en ces temps agités que traverse le groupe. « Je n’avais pas pensé qu’il y aurait tant de monde. Quelques dizaines de personnes, peut-être… »
« Acheter plus régulièrement que le paquet de farine du samedi soir »
Plus de cent ont en réalité répondu présentes, dans un beau mélange de générations. Car s’il y avait beaucoup d’anciens, de nombreux autres habitants, plus jeunes, étaient aussi là, certains en famille. Tous des clients mus par la même envie : dire avec ce rassemblement leur attachement à la Coop du village.
Un élan bien traduit par le maire Gilbert Roth. « Pour qu’un commerce de proximité puisse exister, il faut y acheter. Si possible un peu plus régulièrement que le seul paquet de farine du samedi soir. Vous êtes là aujourd’hui, c’est donc que vous l’avez compris ».
À sa suite, Jean Vogel, maire de Saâles, a souligné que « sans commerce de proximité, il ne peut pas y avoir de qualité de vie. On nous parle de plus en plus de proximité, de favoriser l’économie sociale, les productions locales… La Coop le fait depuis cent ans. D’où aujourd’hui le malaise, alors qu’on est en train de la sacrifier », a clamé celui qui portera les couleurs d’EELV aux prochaines législatives. « Si elle [la Coop] entre dans les sphères de groupes internationaux de la grande distribution, ça enterrera les PME alsaciennes de l’agroalimentaire », a-t-il ajouté avant de lancer un appel à « redevenir citoyens avant d’être consommateurs ».
« Dans les deux mois qui viennent, l’avenir du groupe va se jouer », a enchaîné Dominique Bézu, vice-président de l’association régionale de soutien aux Coop d’Alsace. En jeu : pas moins de 3 500 emplois directs et 1 500 indirects. Et aussi ce rôle important de « lien social » si cher au cœur des Alsaciens.
Le groupe perd de l’argent « depuis dix ans » et se trouve plombé par 120 millions de dette. Pourtant, « il a un potentiel formidable. Sinon, il n’y aurait pas tant de concurrents pour le rachat » est convaincu M. Bézu. Aussi, le plan de sauvetage monté par la direction « a le mérite d’exister », mais « revient à vendre l’esprit coopératif » à Leclerc et Casino.
L’association défend à l’inverse une alternative qui conserverait intact l’ensemble du groupe et sur laquelle elle souhaite que les 170 000 sociétaires puissent avoir leur mot à dire. Car « la Coop, c’est eux, c’est vous, c’est nous tous ».
Aussi, en plus d’une pétition libre pour marquer son soutien à l’enseigne, une seconde était sur la table, réservée aux sociétaires, pour leur permettre d’exprimer leur défiance vis-à-vis de l’actuel conseil d’administration.
Avant de déboucher les bouteilles pour la partie apéro proprement dite, la plus applaudie de la matinée fut sans nul doute Geneviève Weller. Une responsable du point Coop qui, en toute simplicité, a tenu à remercier chaleureusement la foule. « Voir tous ces gens, ça fait vraiment très plaisir », confiait-elle juste avant de retourner derrière sa caisse.
par O.T., publié le 11/03/2012 à 05:00
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